Travestir ses sentiments : de la colère à la place du chagrin.
J’ai reçu en consultation Claude (qui est une dame).
Lorsqu’elle prend rendez-vous elle est à cran, énervée, presqu’agressive.
J’hésite à lui accorder ce rendez-vous.
Lorsqu’elle arrive, elle est dans le même état de nerf.
Je le lui dis et je lui explique, gentiment, que j’ai bien failli lui refuser la consultation. Ensuite, que pour être efficace dans ma perception de flashes, j’ai besoin de sérénité et de sentir chez l’autre écoute attentive et calme.
Je laisse venir mes flashes afin de comprendre son comportement, qu’à l’évidence elle ne comprend pas elle-même puisqu’elle souligne « Mon ami me dit la même chose que vous et pourtant je n’ai pas l’impression d’être agressive ! »
Les mots qui me viennent : « chagrin » ; « larmes » ; « peine ».
Je comprends qu’elle travestit un sentiment par un autre. Qu’elle exprime une forme de colère et d’agressivité pour ne pas pleurer, pour ne pas exprimer sa tristesse, pour ne pas d’écrouler.
Cela me permet de lui expliquer à quel point il est important de « reconnaître » et « d’exprimer » chaque sentiment à sa juste place ou valeur. Je lui explique, si on a peur, on a peur, on ne rit pas bêtement ; Si on est triste, on est triste, on n’est pas en colère (et c’est son cas) ; Si on est joyeux, on ne contient pas cette joie au profit d’une rigueur… Elle comprend bien tout ça et promet d’y réfléchir.
Au moment de partir, elle me dit « Je suis feu à l’intérieur, je brûle, et pourtant j’en ai assez que tous me disent que je suis forte… car je ne suis pas forte, j'ai des épreuves de toutes sortes à surmonter, comme les autres. »
Cet entretien a été riche d’émotions en toutes sortes pour elle, elle a pleuré (et m’a souligné qu’elle ne voulait pas être comme sa mère une pleurnicheuse) et s’est, au final, apaisée.
Photo http://www.mensongepsy.com/fr/wp-content/uploads/2008/12/la_colere_de_dieu.jpg